sur les traces d'eunice

Sur les traces d’Eunice

sur les traces d'eunice

Ce soir la lune sera rousse
Le ciel promet d’être beau
Je pose mes nasses
J’ai quitté l’agora pour vivre loin du barouf
À bord d’un vaisseau, de bois rejoindre les eaux
Aller me faire voir ailleurs vers d’autres espaces

Les yeux ancrés dans le bleu au large le chant des sirènes
Je poursuivais l’éclatante polaire le sextant à la main
J’envoyais par le fond mes souvenirs de luttes Mytilène

Mon vieux rafiot crachait ses embruns,
Reniflait les flots aux quatre points cardinaux
J’étais sur les traces d’Eunice

Mais les vagues tissent sous la lune
De bien houleuses prophéties de Neptune
Elle gisait là splendide au fond des eaux
Et moi je me nourrissais comme un homme

J’étais parti jadis aux confins du monde
Mais depuis ces années sombres,
Je m’étais résolue à ne plus combattre

J’ai donc enfoui dans l’antre du monde,
Mon bouclier étincelant d’airain
Pour un ciel clément redevenu serein

Mais aucune amarre ne m’enchaine ne me retient
Quand je voyais les chevaux d’écumes plonger dans les vagues
Ma nature profonde revenait, galopant sur le ciel torride

Je soulevais l’écume salée jour après jour,
Jusqu’au point où le ciel et la mer s’unissent
Traversant les équinoxes, affrontant le zéphyr et les solstices
J’étais sur les traces d’Eunice

Je poursuivais sans relâche ma course,
Nérée, le vieillard de la mer, le bienveillant m’ouvrait les eaux d’Égée
Je laissais derrière d’abondantes moissons et de vastes vergers
Pour suivre une ombre qui m’est s’y familière

Je sondais l’espace le plus intime, balayais sa fréquence féminine
Par-delà les écueils, les remous, et les ressacs blanchissants
Je me tiens debout sur le pont dans les rouleaux mugissants

Le temps n’avait d’emprise que sur mon corps
Pour me prémunir de la mélancolie, j’emportais avec moi l’ellébore
Qu’elle me garde de mettre le cap sur Anticyre et fouler les rivages de la folie

Quand l’océan assombrit son onde silencieuse
Lorsque les lueurs de l’Est s’inclinent sur l’Ouest
Et sur les franges des vagues se dessine un vaisseau d’ombre

La nuit s’éloigne enfin du ciel et l’astre installe son règne solaire
Je naviguais sans rencontrer personne des lieues et des lieues
Je traçais, le compas, à la main le plan sur l’hémisphère

O Sibylle,
Sur la plaine azurée qui fume
Mon cœur tangue sur les rivages du péril

Je suivais l’oracle par-delà les brumes
Quand soudain les crocs de l’ancre
Venaient mordre les criques sauvages de Sicile

J’étais sur les traces d’Eunice

Jedj Cassone

Bleu Indigo EP

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